Travail aux champs de chanvre
L'agriculture chanvrière d'hier

Main-d'œuvre et outils des paysans

Rétrospective sur les outils d'antan qu'utilisaient les chanvriers dans nos campagnes françaises.

Durant le siècle dernier, la culture du chanvre et plus globalement l'agriculture en générale, se pratiquait principalement à la force des bras. A cette époque, Il existait encore peu de machine et la révolution de la mécanisation agricole française vit le jour qu'à la moitié du 20ème siècle (1950) avec l'arrivée des premiers tracteurs importés des Etats-unis.

teilleuseDurant l'âge d'or du chanvre sarthois entre 1800 et 1960, de simple paysans et mécaniciens ont redoublés d'imagination pour développer des outils afin de leur faciliter la tache et augmenter leur productivité.

 Voici quelques-uns de ces ingénieurs agriculteurs qui ont fait le bonheur de bon nombre de paysans sarthois :

- Tréhard père et fils de Marolles les Braults, constructeur d'une brayeuse mécanique et d'un nettoyeur.

- Berteraut de Courgains propose également un autre modèle de nettoyeur mais plus performant qui a été exporté jusqu'en Norvège.

- Louis Pichon de Doucelles, a réalisé un système de rouissage : l'autorouisseur appelé le rouisson.

 

 

Parmi tous, un seul a su tirer son épingle du jeu, Ernest Souty agriculteur inventeur qui a conçu le semoir Souty. Ernest Souty est originaire de la Sarthe, il est né à Conlie en 1863. Il achète la ferme "le petit bordage de Grandchamp" à Conlie. Avant la fulgurante ascension de son activité avec son semoir, il avait créé une planteuse de pommes de terre. Une très belle invention mais d'autres machines similaires existaient sur le marché, causant brutalement l'arrêt de sa production.
Suite à cela, Ernest Souty se lança dans la création de son semoir en collaboration avec Mardesson, un ingénieur agronome. Le brevet fut déposé le 11 avril 1899 sous le nom du semoir "Le Manceau" avec une courte vie en raison d'une divulgation du contat entre les 2 partenaires. C'est alors que Ernest Souty se lança seul dans l'aventure en 1902 et réalise à lui seul son premier semoir Souty.

En ce début du 20ème siècle, 240 semoirs ont été vendus en 1903 à des chanvriers sarthois. Les ventes vont s'accélérer au fil du temps avec la proximité de la Gare de Conlie, elle permettait de favoriser sa commercialisation pour en vendre 7000 unités en octobre 1928. Les espérances de Ernest Souty vont plus loin qui ne l'espérait car il va jusqu'à exporter sa machine à travers la France entière, principalement en Bretagne et même à l'étranger jusqu'en Algérie. Sa production reste stable jusqu'en 1960 avec une légère baisse en 1930. Au total 9357 semoirs sarthois auront été commercialisés par Ernest Souty qui décéda en 1935 avec la reprise de son entreprise par son fils et sa fille.

 

 Les outils du chanvriers paysans du siècle dernier

LA MAIN D'OEUVRE :
Au début du 20ème siècle, le travail au champ se faisait essentiellement à la main par mouvement direct ou par action mécanisée. Par exemple, la graine était semée à la main par les femmes qui utilisaient un tablier ou bien un sac accroché aux épaules que l'on appelle le giron. Cependant, c'est généralement par un hersage qu'elle enterrait la semence, les paysans quant à eux, le pratiquaient à l'aide d'une herse appelée "La demoiselle".
La demoiselle était une sorte de charrue légère qu'on utilisait pour renchausser les pommes de terre en la recouvrant de terre par exemple.

 

LE BANIAU :

Le baniau était un tombereau à deux roues qui transportait les gerbes de chanvre pour le battre. Fabriqué en bois plein, Il servait également à envoyer le fumier aux champs et à stocker les betteraves, les pommes de terre, etc.... Il avait l'avantage contrairement aux autres charrues de pouvoir basculer à l'arrière afin de le vider de son contenant.

 

LE BATON FENDU :

A cette époque, les paysans érussaient le chanvre en tapant dessus à l'aide d'un bâton fendu afin d'en faire tomber les graines. Les tiges sont ensuite passées à l'érussoir à dents qui arrache les feuilles.

 

L'ERUSSOIR

L'érussoir est un outil qui permettait de séparer les feuilles et fleurs de la tige de celle-ci qui contiennent les graines de chènevis. Pour se faire, les paysans chanvriers jetaient à pleine main une gerbe de chanvre sur un peigne. une fois les tiges coincées, il tiraient vers eux pour en faire tomber toute la matière végétale que l'on appelle "le grebotte". Elle est gardé durant 2 jours.

 


UTILISATION DES LAVOIRS ET DE LA RIVERE EN BARQUE

Pour que les chanvriers puissent pratiquer le rouissage, il était nécessaire d'être proche d'un cours d'eau, d'une rivière ou d'un ruisseau avec de préférence un débit assez lent.
Ce procédé naturel appelé "en eau vive" garantissait un rouissage de bien meilleur qualité avec une fibre résistante et non amoindrit. La mise à l'eau des fagots de chanvre se faisaient à l'aide d'un tombereau et manoeuvré d'une barque et d'un grand bâton.......
Certains chanvriers profitaient également des routoirs ou lavoirs, des bassins maçonnés de taille variable qui servaient aux femmes pour laver le linge de la famille. Ils étaient installés tout au long du cours d'eau en dérivation pour qu'ils soient alimentés.

 

LA TEILLEUSE

La pratique du teillage se situe entre l'opération du rouissage et le peignage. Dans un premier temps, la pelote de chanvre est accrochée sur un poteau en bois ou une teilleuse afin d'être démêlée et débarrassée des résidus végétaux par battage. Ensuite, à l'aide d'un peigne à chanvre, le chanvrier tape sur la pelotes pour en séparer les parties ligneuses (la chénevotte) et de la fibre (la filasse). Les résidus tombent au sols et il en garde la matière première que l'on appelle une étoupe.

 

TARARER, NETTOYER AVEC LE TARARE !

Le tarare est une machine formé d’un ventilateur et de cribles permettant de nettoyer les graines de chanvre après le battage. Particulièrement innovant pour l'époque du fait qu'il réalise deux opérations à la fois, le vannage et le criblage, qui consiste au bon nettoyage et triage des graines. Il remplace le vannage manuel qui se pratiquait par jour de grand vent à l'aide d un van tout en jetant en l'air les grains pour les séparer des impuretés (balle).
On l'appelle également le diable volant, la vanneuse , traquinet, le vannoir ou ventoir en fonction des fabricants et des régions de France.

 

LE VAN

vanneurAvant l'arrivée du tarare les paysans utilisaient comme outil agricole le van qui servait au bon nettoyage des céréales. C'est un panier très large et plat permettant de séparer la paille que l'on appelle "balle" du bon grain en les lançant en l'air pour offrir au vent les matières les plus légères à éliminer.

 

 

 

 

 

 

LA BRAYE POUR LE BRAYAGE

La braye, broye, serançoir ou chien de bois est une presse en bois (marque tréhard-Sergent par exemple) permettant de casser les tiges de chanvre et de lin. Elle fait son apparition au 13e siècle et est utilisée jusqu’au début du 20e siècle dans nos campagnes françaises.
La manoeuvre est simple, le chanvrier place une poignée de chanvre et l'écrase avec la partie supérieure de la braye tout en répétant plusieurs fois l'opération, ce qui détachera le bois de la fibre pour en extraire la filasse.
Cette tache demande beaucoup de rigueur. En effet, si le chanvrier passe trop de temps dessus la filasse sera usée et dans le cas contraire elle ne sera pas esthétiquement belle.

 

LE FOUR A CHANVRE ET SA LOGE A BRAYER

Les fours à chanvre servaient à faire sécher le chanvre pour faciliter la séparation de la fibre et de l'écorce lors de l'étape suivante, le broyage. Avant l'existence du four à chanvre, le séchage se faisait dans les fours à pain des fermes. Au cours du 19ème siècle, des fours spécialement conçus pour la culture du chanvre ont été édifiés dans les campagnes sarthoises. Ces bâtiments sont le plus souvent de formes circulaires, avec un diamètre moyen de 3 à 4m pour une hauteur de 4 ou 5m.La toiture est composée d'ardoises ou de tuiles qui dépasse du bâti pour protéger l'enduit des intempéries. Le four à chanvre est accessible par 2 portes et dispose de deux niveaux à l'intérieur :


L'étage inférieur est la chambre de chauffe accessible par une petite porte. On y place une corbeille remplie de coke ou des déchets de chanvre qui faisaient office de foyer, elle est surmontée d'un vaste couvercle de tôle appelé l'étoupas qui est suspendu sous le plancher du premier étage. L'étoupas a pour rôle de protéger la fournée de chanvre contre le risque d'embrasement du plancher supérieur. Ce même plancher est constitué de baguettes de bois pour laisser passer la chaleur au-dessus.

A l'étage supérieur, les chanvriers stockaient une bonne centaine de bottes de chanvre verticalement tête-bêche durant 12 heures pour le séchage.
Les chanvriers disposaient en complément du four d'un petit hangar appelé loge (ou brairie) destiné au travail du brayage avec les chevaux et d'une mare ou d'un routoir pour la pratique du rouissage.

Chanvre : une plante facile à cultiver et à transformer !

Transformation du chanvre

Quelques exemples de transformation de la plante aux mille vertus. Près de 550 produits dérivés du chanvre sont brevetés dans le monde.

Chanvre CBD
Chanvre CBDSecteur du bien être
Le CBD, un extrait de la plante du chanvre a des vertus sédatives et anxiolytiques. Il est utilisé pour apaiser l'esprit et se détendre efficacement.
Vêtement en chanvre
Vêtement en chanvreSecteur du textile
Le chanvre textile diffère des autres tissus comme le lin & le coton par une grande douceur et une résistance à toute épreuve. Les vêtements fabriqués en chanvre sont hypoallergéniques, non allergisants et non irritants pour la peau.
Construction en chanvre
Construction en chanvreSecteur du bâtiment
Matériaux de construction à base de chanvre, 100% naturel et écologique pour la conception des maisons. Résistant et durable, il excelle en tant qu'isolant. Il est l'allier parfait des entrepreneurs du bâtiment.