ROUISSAGE DU CHANVRE
Jusque dans les années 1960, la fabrication du chanvre a toujours été très similaire à celle du lin. Après une culture réussie, les paysans couchent le chanvre dans un champ tout en retournant régulièrement les tiges pour que la rosée du matin ramolisse uniformément son écorce. Cette technique permettait ainsi de faciliter son décollement lors du teillage.
Ils pratiquaient également une seconde technique, celle du rouissage, qui consiste à se rendre en rivière pour ramollir les longues tiges très résistantes. 
En d'autre terme, le rouissage est la macération que l'on fait subir aux plantes textiles pour faciliter la séparation de l'écorce filamenteuse avec la tige.

Méthode traditionnelle de rouissage :
La tige de chanvre a une partie fibre à l'extérieur, l'écorce, et une partie copeau à l'intérieur, le bois de la plante, appelé la chènevotte . Pour séparer la fibre du bois, les paysans la trempaient dans l'eau pendant 4 à 5 jours, ce qui leur permettait de décoller très facilement la fibre qui était autour de la tige. Notez que lorsque la tige est encore grise, c'est signe d'un bon rouissage . Cette fibre de chanvre sera séchée puis peignée pour avoir des fils individuels. Les fils seront ensuite plongés dans de l'eau chaude avec de la cendre d'hêtre pour les blanchir. Les paysans utilisaient les bassins qui servaient aux lavandières pour nettoyer le linge lorsqu'il n'y avait pas assez d'eau sur les champs en fin de saison. Par la suite, elle sera mise en bobine puis sera amenée aux tisserands. 

SECHAGE DU CHANVRE
Avant de pratiquer le broyage du chanvre, il était necessaire de procéder au séchage des tiges dans les champs. Les paysans les étalaient pendant une dizaine de jours au sol pour qu'elles deviennent bien blanches et ainsi sépararer la fibre de l'écorce, la chenevotte.

Le four à chanvre de forme quadrangulaire ou cylindrique est une construction qui servait également au séchage du chanvre. Il fait son apparition au 19ème siècle pour faciliter le travail des paysans chanvriers. Pour plus de praticité, ils sont parfois placés à proximité immédiate d'une mare pour la phase du rouissage et d'un autre côté, d'un petit hangar appelé loge permettant le travail du broyage.
La majorité des fours à chanvre se trouve dans le quart nord-ouest de la Sarthe en raison de l'arrêt brutal de la culture de chanvre dans les autres régions au 19ème siècle. 
Le département en fait sa spécialité et profite d'une longue période de prospérité pour les campagnes sarthoises qui durera jusqu'au début du 20ème siècle.

TEILLAGE DU CHANVRE : séparation des fibres par broyage et battage

La phase du teillage consiste à séparer la partie fibre de la chénevotte. Les paysans cassaient la tige sans abîmer la fibre extérieure avec une machine entièrement en bois appelée "braie" ou "broie". Elle était composée d'une machoire articulée et manoeuvrée à la main. Cette tache pénible se pratiquait régulièrement durant les veilles de l'hiver. La chènevotte était récupérée au sol cassée en petit morceaux et la filasse, le paquet de fibres sous la machoire. 

Aujourd’hui, le défibrage est entièrement mécanique, sans traitement chimique et confié à des chanvriers. La filasse (fibre externe) est séparée de la chènevotte (résidu central de la tige utilisé pour ses qualités d’absorption) dans un broyeur ou un moulin à marteaux. Les fibres de chanvre récupérées sont ensuite cardées, peignées et filées.

Certains paysans disposant de grands espaces cultivables utilisaient le four à chanvre pour gagner en productivité, se dispensant ainsi de ce travail long et fastidieux.

LE CARDAGE DU CHANVRE

Avant de pouvoir être filée, la fibre du chanvre devenue de la filasse doit être nettoyée en étant cardée ou peignée à la main qui donnera ensuite uné étoupe.
L'opération consiste  donc à démêler et aérer les fibres de la plante pour avoir un résultat homogène. Durant cette phase, il est possible de faire des mélanges de couleurs et de matières.
Tout comme le teillage, le cardage est également mécanisé  depuis 1910 par des machines à carder les fibres de chanvre.

FILAGE DU CHANVRE

La dernière étape de fabication est de rendre la fibre peignée en un fil de qualité pour être travaillé par les tisserands ou tricoteurs .
Il est possible d'obtenir différentes épaisseurs en fonction de deux procédés de filature bien distinct :

La filature séchée :  Obtention d'un fil épais et rustique en ne mouillant pas les rubans de chanvre.
La filature mouillée  : A contrario, les rubans sont plongés dans une eau chaude qui leur donnera un fil très fin de qualité qui sera utilisé pour l'industrie textile ou le linge de maison.

DU CHANVRE A LA TRANSFORMATION

A travers tous ces process de fabrication, le chanvre ouvre de multiples utilisations. Le premier et le plus ancien restera le chanvre textile pour la conception de cordage et de tissus. La litière et nourriture pour les animaux,
le papier et cartons, les aliments, le bien être, les huiles essentielles, les compléments alimentaires, les produits hygiéniques et les matériaux de constructions. pour un usage récréatif ou comme matériaux composites en association avec des matières plastiques. Avec l'augmentation du prix du carburant et la prise de conscience environnementale, la filière chanvrière France fait son grand retour avec une intensification des possibilités qu'offre la plante.